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PAPILLON Salomé

Les m?urs sexuelles et le droit pénal

Publié le 2 mars 2022 Mis à jour le 2 mars 2022

Thèse en Droit, soutenue le 15 novembre 2021.

Le droit pénal et les m?urs sexuelles connaissent une relation ambivalente. A priori fusionnels, la libération sexuelle a engendré une rupture entre les deux domaines. Progressivement, le droit pénal s’est émancipé de l’influence de l’ordre moral. Les m?urs ne pouvaient plus se trouver à l’origine de la pénalisation. Toutefois, l’étude attentive des incriminations sexuelles en vigueur et de leur régime, révèle l’influence persistante, et parfois insidieuse, de la morale sur le droit pénal. La société contemporaine se passionne pour les ? affaires de m?urs ?. L’appréhension de la sexualité par le droit anime l’opinion publique et ravive l’intérêt du législateur. La volonté de moraliser les individus induit une utilisation compulsive de la loi pénale que l’on espère à la fois expressive, préventive et déclarative. Pourtant, ce règne de l’émotion s’effectue trop souvent aux dépens de la raison juridique. Sous le rayonnement de la morale collective, la main du législateur ne tremble plus. Les libertés fondamentales, le principe de légalité et le spectre de la dignité vacillent. Ainsi, l’usage irraisonné de la loi pénale nécessite que l’on s’interroge sur les moyens de limiter, juridiquement, l’influence des m?urs sur le droit pénal. Il ne s’agit pas de proposer une séparation hermétique mais seulement de circonscrire leur interférence, la replacer au second plan, derrière la protection de l’ordre public. Renouant avec les protagonistes de la relation sexuelle, le processus d’amoralisation du droit pénal nous conduira aux confins de ces infractions sexuelles et permettra d’envisager l’existence d’un droit pénal minimal.

Mots-clés : M?urs – Morale – Infractions sexuelles – Opinion publique – Valeurs sociales protégées – Consentement – Autonomie personnelle – Dignité – Victime – Prescription de l’action publique – Mesures de s?reté – Dangerosité – Politique criminelle – Minimalisme pénal.

Criminal Law and sexual mores have an ambivalent relationship. Though they might seem to be in a state of symbiosis, the sexual liberation that occurred in our society has caused a separation of the two terms. Little by little, Criminal Law has emancipated itself from the common moral order. Social norms could not be the sole base of criminalization. However, a careful study of current sexual offences and their regime reveals the persistent, and sometimes insidious, influence of social mores on Criminal law. Our modern society is updating the flaming passion for ? sex scandals ?. The way Law deals with sexuality is heating passions amongst public opinion and reignites the interest of the lawmakers. The will to moralize people creates a compulsive use of Criminal law, which is hoped to be at the same time declarative, expressive and preventive. However, to give that much importance to pure emotions tends to suffocate the legal system. Under the reign of the community's morality, the legislator suffers no hesitation. Fundamental freedoms, the general principles of lawfulness and dignity are wavering. Thus, the unrationalized use of Criminal law pushes us to ask ourselves about the means of legally limiting the influence of mores upon the whole branch of Penal Law. Far from implying the two should be kept separated, it would only mean limiting their interference, pushing it into the background, behind the concept of public order's protection. Thus made, this moral nihilism process would allow the concept of Penal Law to tackle every sexual crime by finding back its link with the protagonists of sexual intercourses and would push us to consider the existence of a minimalist form of Penal Law.

Keywords : Mores – Morale – Sexual offenses – Public opinion – Protected social values – Consent – Personal independence – Dignity – Victim – Statute of limitations – Safety Laws – Dangerousness – Criminal policy – Penal minimalism.

Directeur(trice) de thèse : Patrick MISTRETTA

Membres du jury :
- Mr MISTRETTA Patrick, Directeur de thèse, Professeur des universités, Université Jean Moulin Lyon 3,
- Mme DARSONVILLE Audrey, Rapporteure, Professeure des universités, Université Paris Nanterre,
- Mr DREYER Emmanuel, Rapporteur, Professeur des universités, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne,
- Mme MALABAT Valérie, Professeure des universités, Université de Bordeaux,
- Mr PIN Xavier, Professeur des universités, Université Jean Moulin Lyon 3.


Président(e) du jury : Xavier PIN